Arthur Repiquet
18 ans, 1er dan AJBD 21-25 (Côte-d’Or) et Judo Club Blanzynois (Saône-et-Loire)
Sans ses appareils, il n’entend pas les voitures arriver lorsqu’il traverse la rue. Atteint d’une maladie héréditaire, Arthur Repiquet, dix-huit ans, a perdu une partie de son audition. Ce qui ne l’empêche pas de pratiquer le judo avec ferveur. Une passion découverte à quatre ans, lorsque le mari de sa nounou le prend sous le bras et l’emmène au dojo.
C’est le fils du couple, Frédéric Badet, qui commence alors à enseigner au Judo Club Blanzynois, et devient le premier professeur de l’enfant. Si le judoka n’est pas le plus talentueux, « il a toujours été plus mature que les autres. Plus travailleur aussi. Et sur les grands évènements, il est capable de se transcender », développe celui qui l’entraîne depuis maintenant quatorze ans.
Il progresse vite, passe trois ans au pôle espoirs de Dijon, avant d’intégrer le pôle France d’Orléans en septembre dernier. « Sur le tatami, mon problème d’audition ne me gêne pas plus que ça. C’est important de montrer que, malgré le handicap, j’ai ma place auprès des valides », explique celui qui rêve d’un podium aux championnats de France juniors. « Je dois juste prévenir les arbitres que si je continue après le “matte”, c’est simplement que je n’ai pas entendu », sourit-il. « Quand je le coache, on fonctionne surtout par des regards et deux-trois petits gestes », confirme son entraîneur avec qui la complicité est évidente. À côté de cette route vers le haut niveau qu’il explore, Arthur Repiquet dispute aussi les compétitions de para-judo.
À 17 ans, après avoir réalisé les démarches pour intégrer l’équipe de France, il est sélectionné pour les Deaflympics 2017 à Samsun, en Turquie, les JO des sourds et malentendants. « Quand j’ai reçu le judogi avec le coq, c’était un rêve qui se réalisait », murmure-t-il. « Pour un petit club comme le nôtre, c’est extraordinaire, savoure pour sa part Frédéric Badet. Il faut garder de la distance et de la mesure, mais c’est une récompense pour le travail accumulé. » En Turquie, Arthur Repiquet a décroché une belle médaille de bronze mais surtout découvert « une deuxième famille ». « Comme on partage tous un handicap, les liens sont beaucoup plus forts. Même avec les adversaires. Humainement, c’est vraiment très puissant, très riche. C’est aussi ça le judo. »
Une expérience qui a relancé cet étudiant en Staps dans son parcours chez les valides, pas épargné par la vie, mais pas vraiment du genre à renoncer facilement. À six ans, il perdait en effet son père rugbyman, décédé suite à un violent choc lors d’une entrée en mêlée. « Je me suis longtemps dit que je me battais pour lui », souffle le jeune homme, ému. « Aujourd’hui, j’en parle plus facilement, mais cette épreuve m’a endurci. Lors des stages, mentalement très durs, je me dis que ce n’est rien, que j’ai déjà vécu bien pire, que tout le reste, c’est du positif. »
Rédaction par la revue L’Esprit du Judo