Marion Gros-Dubois
40 ans, 2e dan, ASPS Judo, Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne)
«Quand je promenais ma fille dans son landau, je passais souvent à côté du dojo. Il y avait de grandes vitres. On voyait ce qui se passait à l’intérieur et, pendant des semaines, je me disais : il faut que je rentre…» Alors, quand la petite dernière a eu l’âge de suivre ses premiers cours, la maman l’a emmenée et en a profité – à moins que ce ne soit l’inverse ! – pour renfiler le judogi resté au placard depuis dix ans.
« Mais dans ma tête, je ne me suis jamais dit que j’avais arrêté complètement », nuance Marion Gros-Dubois.
Les grossesses – elle et son mari ont trois enfants, tous judoka(te)s – et les mutations professionnelles avaient conduit cette ceinture noire 2e dan à mettre le judo entre parenthèses de 2002 à 2013. Mais la passion était intacte. Et c’est à Savigny-le-Temple, à quarante kilomètres au sud-est de Paris, qu’elle a repris progressivement.
En poussant les portes de l’ASPS Judo, cette Nordiste d’origine s’est rapidement reprise au jeu et même un peu plus que ça, à une nouvelle aspiration : la transmission. Aux côtés de son professeur, Jean-Claude Prieur, un homme engagé, cette quadra a commencé à s’occuper des cours éveil. « J’ai vu que ça devenait un peu compliqué de trouver des bénévoles. Comme moi, l’enseignement c’est mon truc, le judo aussi, j’ai dit : “bah, pourquoi pas ?” » (rires) Professeure agrégée de physique appliquée au lycée, Marion Gros-Dubois sait ce que guider veut dire. La journée, ce sont les jeunes gens vers le bac, l’après-midi ou le soir, c’est apprendre les bases du judo à des tout petits. « Je le fais avec le même investissement », se réjouit cette maman dynamique à l’enthousiasme communicatif. « Marion ? Elle a un don ! », confirme Jean-Claude Prieur, qui l’entraîne et l’a formée. « Bien sûr, il y a des choses à apprendre pour devenir un bon formateur, mais elle a un truc en plus qui ne s’enseigne pas. »
Est-ce ce contact naturel avec les enfants ? Cet attachement au côté familial d’un club, né lorsqu’elle pratiquait à Hem, au nord de Lille, et suivait l’enseignement d’Amar Hamdi qui l’a profondément marquée ? « C’est un mélange de douceur et d’autorité, poursuit Jean-Claude Prieur. Elle agit avec les petits du club comme avec ses propres enfants. Elle a en quelque sorte agrandi sa famille en venant ici. » Auprès de ses élèves, Marion Gros-Dubois a aussi apporté sa touche à elle. Elle ne fait pas que leur transmettre les bases techniques du judo. Elle en fait leur terrain de jeu, d’expérimentation, n’hésite pas à les faire travailler sur des dessins autour de la culture judo, insiste beaucoup sur l’environnement et fait de la discipline un véritable levier éducatif, avec l’œil attentif qui sait que chaque profil est différent.
Rédaction par la revue L’Esprit du Judo