Côté judo

Le médicament du bonheur

Christine Peuch, 59 ans, 3e dan, Côte-d’Or


« Je n’ai connu nulle part ailleurs l’alliance de ces valeurs en dehors des arts martiaux »

Dire de Christine Peuch que le sport, et singulièrement le judo, tient une place fondamentale dans sa vie relèverait du doux euphémisme. Et pourtant sa famille n’était pas du tout branchée « sport » comme elle l’explique de sa voix empreinte d’une gaieté naturelle et réjouissante.

En effet, si elle découvre la discipline à onze ans, c’est sur le conseil du médecin de famille. « J’avais une petite scoliose, rapporte la secrétaire générale de la ligue de Bourgogne-Franche Comté depuis trois ans. Et, immédiatement, je suis tombée en amour pour le judo, sa rigueur, sa discipline et le respect de l’autre. Je n’ai connu nulle part ailleurs l’alliance de ces valeurs en dehors des arts martiaux. » Évoluant dans un club où la compétition n’est pas une priorité, elle obtient ses katas à dix-neuf ans, apprenant et perfectionnant ces derniers à l’INSEP (où elle rencontrera son futur mari), guidée par l’un des pionniers du judo tricolore, Maurice Gruel. Puis vient le déménagement en Bourgogne.

Christine arrête le judo, mais pas le sport : kendo, karaté, football. Des activités qu’elle pratique à côté de son métier d’interprète en langue des signes. Puis, il y a vingt ans, le démon du judo est revenu la titiller. « J’ai dû me recoller à mon premier dan, car j’avais perdu tous les papiers », se souvient-elle en riant. Elle enchaîne alors : deuxième puis troisième dan. Surtout, elle découvre la compétition et le judo vétérans. Une révélation. « J’adore l’ambiance qui y règne. Tout le monde veut gagner, mais il n’y a pas d’individualisme. La bonne humeur et la camaraderie priment toujours. » Une seconde vie de judokate pour Christine, médaillée européenne en 2012 et 2017 en individuel. Mais son plus beau souvenir reste celui des championnats d’Europe 2013 à Paris. « Dans le même week-end, je valide mes katas du troisième dan en Bourgogne et je finis vice championne d’Europe le lendemain dans la capitale. » Spécialiste de tani-otoshi, elle est décrite par Fabrice Andriot, son professeur au club de Marsannay-la-Côte, comme « courageuse, volontaire, enthousiaste et opiniâtre – elle n’hésite pas à aller faire avec les plus jeunes – mais qui a le petit défaut de vouloir aller parfois trop vite dans l’apprentissage ».

Si le tir au pistolet (spécialité de son mari) lui permet de travailler sa concentration, la période actuelle lui laisse un goût mitigé dans la bouche : un repos forcé profitable pour soigner les blessures mais une envie folle de retrouver le tatami – pour préparer son quatrième dan – et les copains/copines des circuits national et international vétérans. Et continuer ainsi à « avaler » du judo, tel un médicament du bonheur.

Rédaction par la revue l’Esprit du Judo

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