Sloan Gil
30 ans, 2e dan, chargée de développement pour APF France handicap (Var)
Barcelone, le 2 août 1992. Alors âgé de 23 ans, David Douillet décroche une médaille de bronze à l’occasion de ses premiers JO. Scotchée devant sa télévision ce jour-là, Sloan Gil ne perd pas une miette de la performance réalisée par le futur double champion olympique. La fillette de quatre ans vient d’avoir un véritable coup de foudre pour le judo.
Elle souhaite à tout prix pratiquer ce sport, et le fait savoir à ses parents. D’abord réticents, ceux-ci acceptent toutefois d’aller se renseigner auprès du club le plus proche. « Le judo féminin n’était pas très développé à l’époque et le professeur, qui n’avait que des garçons sous son aile, était assez sceptique quand il m’a vue, se remémore la jeune fille. Il a malgré tout voulu me mettre à l’essai et, à la fin du cours, il a accepté de me conserver. »
C’est donc à l’ASPTT Toulon que la Varoise noue sa première ceinture. La combattante progresse, enrichit sa palette technique, participe à des compétitions. Et développe un intérêt certain pour l’enseignement de la discipline, qu’elle souhaite surtout prodiguer à l’attention d’un public handicapé. « J’ai grandi au contact du handicap, explique la Toulonnaise. Mon arrière-grand-mère était hémiplégique et mon grand-père faisait partie d’une association venant en aide à des invalides. Très rapidement, j’ai donc voulu apporter quelque chose à ces personnes qui, elles, combattent au quotidien. »
Lycéenne, Sloan s’inscrit à des cours du soir afin d’apprendre la langue des signes. Dès ses seize ans, la judokate aide Hervé Cazanave, le professeur de l’ASPTT Toulon, à s’occuper des pratiquants handicapés qui viennent au dojo. « Grâce au bouche-à-oreille, les gens savaient que nous proposions des cours destinés à ce type de public, ce qui n’était pas courant à l’époque, » glisse-t-elle. Combattants en fauteuil roulant, déficients mentaux, malvoyants ou non-voyants… Tous sont accueillis au club.
Mais cette diversité de handicaps implique forcément une adaptation de tous les instants de la part des enseignants. « C’est un exercice délicat, reconnaît celle qui, professionnellement, travaille pour APF France handicap. Je dois prendre en compte les difficultés et besoins de chaque élève, dans le but de faire passer mon message du mieux possible. »
Avant d’ajouter : « Faire du judo, c’est non seulement pratiquer une activité physique, mais c’est aussi créer un lien avec d’autres personnes. Et c’est sans doute là le plus important. Moi, j’aime montrer à ces pratiquants handicapés qu’ils peuvent réaliser les mêmes choses que les valides. J’essaie de leur faire comprendre que s’ils croient en eux, tout est possible. »
Désormais trentenaire, Sloan Gil aborde l’avenir avec optimisme. Les mentalités ont évolué dans le bon sens et l’accueil des handicapés est de plus en plus aisé. « Nous sommes sur la bonne voie, mais nous ne devons pas nous arrêter en cours de route ! » Elle, en tout cas, n’a pas l’intention de ralentir l’allure.
Rédaction par la revue L’Esprit du Judo