Alexandre Mével 31 ans, ceinture marron et informaticien, Yvelines
Alexandre est de ces jeunes hommes discrets à qui le judo a donné de l’aplomb. Aujourd’hui, il le sait. Enfant, il côtoie déjà les dojos. Pourtant, ce n’est pas le coup de foudre immédiat. Il se détourne d’ailleurs du judo pour rallier les paniers de basket, et fera aussi un peu de course à pied. Sur les conseils de son meilleur ami, il décide finalement de renfiler son judogi. « C’est la puissance de la démonstration : à un moment, on prend conscience que l’effort, le partenaire, le judogi, tout cela, c’est finalement très puissant. » Nous sommes en 2011, il a vingt-trois ans. Aux côtés de son entraîneur Pascal Bourouma, le jeune informaticien fraîchement diplômé reprend tout depuis le début ou presque. Un autre rapport à la pratique, un regard nouveau, une attente aussi, mais dans la sérénité. Le chemin plus que le but…
Au club d’Ecquevilly, où il pratique depuis le début, Alexandre trouve vite sa place. « L’amitié sincère entre les gens, le côté traditionnel de la pratique, tout m’a plu à nouveau. J’étais un peu renfermé sur moi-même avant d’intégrer le club. Mais affronter d’autres adultes dans le cadre bien précis du judo m’a donné confiance en moi. J’ai un léger handicap moteur et j’ai aussi parfois des difficultés à trouver mes mots. Le judo m’aide beaucoup, surtout sur l’équilibre. Ce n’est que du positif pour moi, et ça déteint sur les autres aspects de ma vie. » Christophe Macchiano, qui connaît très bien le désormais trentenaire, confirme : « Je suis arrivé quelques années après Alexandre au club, et je n’ai d’ailleurs pas remarqué son handicap sur le tatami. C’est quelqu’un d’une force incroyable, c’est un battant que tout le monde respecte. On peut le dire pour lui : désormais, il ne se cache plus et je suis touché de voir à quel point le judo a transformé sa vie. » Pratiquant, mais pas seulement : plus mûr, plus sûr de lui, Alexandre « tient à rendre » ce qu’il a reçu et s’investit beaucoup dans la vie du club. « Je m’occupe de la communication en tenant la page Facebook, je l’alimente et je la mets à jour. Lors des compétitions, je suis aussi présent que possible pour donner un coup de main, pour installer les tatamis… Je mesure ce que le club, les dirigeants, mes partenaires ont fait pour moi ces dernières années, comment, avec eux, j’ai emprunté ce chemin avec de plus en plus d’assurance en pouvant m’appuyer sur eux. » Soutenu par ses proches, ses amis et le club de judo, il a fait une demande de reconnaissance de travailleur handicapé. Une étape difficile mais importante. « J’ai vraiment été bien entouré pour passer ce cap. Je ne l’oublierai pas. »
Paroles d’un homme ouvert et confiant, mieux dans ses baskets et dans son judogi ! ED
Rédaction par la revue l’Esprit du Judo