Monique Cusin 78 ans, 7e dan podologue retraitée, Haute-Savoie
Une tornade de dynamisme. À soixante-dix-huit ans, celle qui a su garder l’esprit jeune se dit simplement « enthousiasmée par la vie ». Judokate pionnière, Monique Cusin se lance sur les tatamis à dix-huit ans, lors de ses études d’infirmière à Chambéry. « Nous étions très peu de femmes à faire du judo à l’époque. J’ai d’ailleurs été la première, hors championnes, à passer le 6e dan en 1995 ! » Puis, elle déménage à Annecy où elle donne des cours de judo, en plus de son travail d’infirmière à l’hôpital.
Très vite, en 1984, elle ouvre une section de judo et jujitsu spécifique pour les personnes en situation de handicap. Parce qu’elle a elle-même une soeur handicapée, Monique est sensibilisée aux questions d’accessibilité et d’inclusion : « Je sais l’importance que cela peut revêtir de souhaiter appartenir à un groupe, d’être vu comme tout le monde. Alors j’ai voulu créer un espace où valides et handicapés sont à égalité, où tout le monde s’entraide. »
Professeur de judo, infirmière, Monique ne s’arrête pas là. Elle décide de reprendre ses études à trente-huit ans et ouvre son cabinet de podologie avec une amie. « J’ai quitté mon poste aux urgences, attrapé mon sac à dos et je suis partie trois mois au Pérou. J’ai toujours aimé bourlinguer pour voir d’autres horizons, particulièrement en Amérique du Sud. Quand je suis rentrée, j’ai ouvert ce cabinet de podologie et, avec le recul, je peux dire que c’était une excellente décision. J’y ai gagné une chose essentielle dans la vie : la liberté. »
Désormais à la retraite, cette amoureuse de l’aventure n’a jamais hésité à mener de front tous les projets qui la passionnaient. C’est comme cela qu’elle a pris la direction du Judo Club d’Annecy pendant vingt ans. « J’ai eu une très bonne équipe pour m’épauler quand j’étais présidente. Il ne faut pas oublier que c’est l’esprit d’équipe qui fait avancer. » Toujours membre du comité directeur de son club, l’Annécienne passionnée de sports de montagne et aquatiques continue de donner ses cours de judo pour personnes en situation de handicap.
L’exemplarité ? « J’essaie de montrer la voie, d’être de bons conseils pour les autres professeurs, même si ce n’est pas toujours simple. À soixante-dix-huit ans, l’enjeu c’est d’être capable de se faire entendre ! Le message à tous, en tout cas, et ce que mon parcours m’a montré c’est que si vous voulez quelque chose, il faut vous battre pour l’avoir. »
Promue 7e dan en novembre dernier, avec les félicitations du jury, elle a vécu des émotions qu’elle ne soupçonnait pas, accompagnée par Jean-Claude Brondani, 8e dan, son parrain, qui l’a accompagnée pour ce challenge. « Nous avons la même conception éducative du judo, de l’humanisme dont il est porteur, précise le médaillé olympique de Münich. S’améliorer soi-même, permettre à nos partenaires de progresser, c’est ce que Jigoro Kano voulait développer en nous léguant le concept d’entraide et de prospérité mutuelle. » Des idées humanistes et le plaisir de passer des caps. « Ce passage, c’était très intense ! J’en suis très fière, conclut Monique. Surtout parce que ce sont mes élèves qui m’ont poussée à le passer. Je veux croire qu’ils croyaient en moi. » ED
Rédaction par la revue l’Esprit du Judo