Un président de 81 ans dirigeant son club depuis quatre décennies, un club des Hauts-de-Seine faisant le pari d’associer section loisir et volet compétition, et enfin une bande de collègues dont l’amitié remplace avantageusement la régularité des entraînements, voici trois histoires attestant que les notions de plaisir et de partage prévalent sur toutes les autres considérations en termes de motivations sportives.
Jouer (et gagner) sans s’entraîner, c’est possible! Bretagne – Finistère
L’histoire concerne une douzaine de « potes » qui souhaitaient simplement jouer au football ensemble «sans se prendre la tête », comme le rappelle le président du Plouye Magic United (Finistère), Emeric Corvest : « Au départ, nous désirions créer une équipe pour disputer uniquement les rencontres de coupe, mais le règlement nous l’interdisait. Alors nous nous sommes engagés en 4ème division de district… pour ne disputer que les matchs ! » Comprendre que les amis, enseignants pour la plupart et exilés dans des villes différentes durant la semaine, se retrouveraient uniquement les dimanche sans jamais s’entraîner ensemble la semaine. « Le but était de s’amuser, privilégier le jeu à l’enjeu sans la pression de la compétition. » Taper dans le ballon sans se soucier du résultat, une hérésie vouée à l’échec ? Au regard des discours en vigueur, oui. Sauf que, dès la première année, les collègues enchainent les succès et accèdent à la 3ème division ! Puis, à la surprise générale, grimpent d’un nouvel échelon, la saison suivante… Cette fois, pas de doute, le doux rêve va se fracasser contre le mur des réalités pour cette saison 2019-2020. Et bien non ! Toujours pas. A l’heure où les poules sont gelés pour cause de confinement, les joueurs du P.M.U. (les initiales du club) sont en position d’accéder au plus haut niveau départemental. Emeric Corvest : « C’est une situation un peu improbable, mais elle prouve bien que d’autres voies existent pour aller vers la performance. Nous ne sommes pas forcément des grands joueurs mais nous nous rejoignons tous autour des notions de partage et de solidarité. Notre motivation vient du plaisir que nous éprouvons à nous retrouver chaque week-end. » Une histoire à succès, une fable peut-être, dont la morale devrait interpeller bon nombre entraîneurs.
Moi, président depuis 40 ans et mari « d’une femme fantastique » Haut de France – Nord
Trente-huit ans de bons et loyaux services ! Jean-Marie Jonquois préside aux destinées de son club du FC Famars (59) depuis près de quatre décennies. Une fidélité qui place le dirigeant de 81 ans parmi les plus fidèles d’une association sportive. Aux rayons des souvenirs tout particulièrement réjouissants, la montée de l’équipe fanion de son club de cœur au niveau régional suivie de près par l’anniversaire organisé à l’occasion de ses 50 printemps et pour lequel la quasi-totalité du village des Hauts-de-France s’était réunie. Il faut dire que l’homme a le sens du partage et des convictions solidement ancrées : « Un bon président, c’est d’abord quelqu’un qui dialogue et qui ne se prend donc pas pour un dictateur. À partir de ce postulat, il devient plus facile d’entretenir de bonnes relations avec l’ensemble des représentants de la municipalité ou du district, par exemple. » Une affabilité ne le dispensant pas pour autant d’un solide caractère : « Je suis encore de près les deux équipes seniors et il m’arrive bien de temps à autre de pousser un coup de gueule.» Avant de préciser « Les joueurs font bien semblant d’avoir un tout petit peu peur mais, en fait, je sais bien qu’ils ont simplement la gentillesse de me prêter un peu de leur attention. » À l’heure de son ultime saison à la tête du club, Jean-Marie glisse un dernier conseil aux aspirants dirigeants : « Je suis un mordu et un passionné de ballon. Mais enfin, le point le plus important dans cette affaire consiste d’abord à épouser une femme fantastique ! »
Un club à 1600 licenciés… dont la moitié en « loisir » Ile de France – Hauts de Seine
Le slogan du FC Rueil Malmaison vaut pour programme : « Le football pour tous ! ». Vraiment pour tous puisqu’avec 1600 licenciés, le club est à ce jour l’association de football comptant le plus grand nombre d’adhérents en France. Spécificité du club des Hauts-de-Seine, la section « loisir » dénombre près de 800 licenciés. Une caractéristique voulue et défendue par son président Olivier Guesnon : «Le développement de la section est le fruit d’une décision politique tenant compte de l’orientation d’une certaine partie de la société. Tout le monde ne souhaite pas forcément faire de compétition et nous souhaitions donc proposer une offre sérieuse pour répondre à cette demande. » Une « offre sérieuse » pour le moins car le parti pris de l’association vise à assurer aux licenciés concernés un encadrement diplômé avec des coachs « en capacité de repérer les talents », comme le souligne le dirigeant. Et ça marche puisque toutes les catégories jeunes et Seniors sont aujourd’hui représentées au sein de l’entité. À défaut de recette, le président pointe une absolue nécessité : « Le pré-requis est que cette option de pratique doit être appréhendée et organisée par les responsables de clubs avec au moins autant d’implication que dans le foot de compétition. » L’occasion de constater que la notion de loisirs est bien loin de rimer avec amateurisme.
Rédaction par la revue Vestiaires