Les acteurs du ballon rond se mobilisent autour du terrain quand il s’agit de se mettre au service de belles causes ou de sauver un club.
Pierre Marco, le partage avant tout – Occitanie / Hérault
Grâce à Pierre Marco, les jeunes de l’Institut médico-éducatif La Corniche à Sète ont vécu un moment de bonheur. Atteints de déficience intellectuelle liée à des troubles neuropsychiques, ces adolescents âgés de 10 à 16 ans ont profité d’une matinée balle au pied sur les installations du club de Castelnau-le-Crès qui les a sortis de leur quotidien devenu encore plus difficile depuis l’apparition du Covid.
Responsable de la catégorie U6-U9 de son club et coach santé dans le civil, Pierre Marco (24 ans) a organisé ce rendez-vous. “Je devais monter un projet dans le cadre du brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, raconte-t-il. J’ai contacté l’IME via ma sœur qui travaille dans ce milieu. Et nous avons mis en place cette journée.”
Pour ajouter une dose de surprise, Pierre Marco a invité Laurent Pionnier (à gauche sur la photo), ancien gardien professionnel à Montpellier, à l’accompagner. Les deux hommes, secondés par des éducateurs, ont proposé une séance à base de conduite de balle, d’exercice de motricité et de petits matchs. “Quand les enfants marquaient un but à Laurent, on sentait toute leur fierté !”, se marre Pierre Marco qui ne retient que du positif de cette expérience. “J’ai vu leurs yeux qui brillaient, ils étaient euphoriques. Je n’ai reçu que de bons retours de la part de l’encadrement de l’IME. Personnellement, cela m’a beaucoup apporté.”
D’ailleurs, le rendez-vous est pris pour une nouvelle rencontre. “Cette fois, j’envisage de me rendre dans leur structure pour réaliser une activité. J’aimerais aussi leur permettre d’assister à un entraînement de l’équipe de Ligue 1 de Montpellier. Cela ne semble pas grand-chose mais pour eux, ce serait un moment magique.”
Au sein de son club, Pierre Marco tente de diffuser ces notions de partage et de solidarité auprès des enfants. “Un club de foot n’est pas un centre aéré. On pratique du sport mais l’éducation aux valeurs de la vie me semble au moins aussi importante”, conclut Pierre Marco.
Des joueurs viennent en aide aux SDF – Pays de la Loire / Loire-Atlantique
Ils méritaient bien les honneurs du journal télévisé de TF1 !
Depuis l’été dernier, une dizaine de jeunes joueurs de Couëron La Chabossière, un club de l’ouest de la métropole nantaise, effectue des maraudes auprès des sans-abris. Un mardi sur deux, une poignée d’entre eux, arpente les rues de Nantes pour distribuer de la nourriture, des boissons, des produits d’hygiène, des masques, des mouchoirs et même parfois des sacs de couchage. Le tout financé par leurs deniers personnels.
Tout est parti d’une idée d’Antoine, chauffeur-livreur, qui observait l’augmentation et surtout le rajeunissement de la population vivant dans la rue. Lors d’une fête, il lance l’idée à ses amis de venir en aide aux plus démunis. Tous adhèrent et échafaudent leur tactique. Chaque semaine, les footballeurs mettent la main à la poche selon leurs moyens puis font les courses en grande surface. La tournée se déroule en début de soirée. Les SDF apprécient le geste.
Mais plus que cette offrande, c’est la main tendue et les relations humaines qui réchauffent les cœurs. Car Antoine et ses potes ne se contentent pas d’ouvrir les sacs en détournant le regard. Ils échangent avec ces hommes et femmes en détresse. Ils tentent autant que possible de garder leur bonne humeur. Avec leurs bons mots, ils pansent parfois les maux. La médiatisation a permis un appel d’air. Touchés par leur générosité, des anonymes ont multiplié les dons notamment de vêtements chauds bien utiles en cette période hivernale.
Même s’il n’est pas à l’origine de l’action, le club de Couëron La Chabossière soutient ses licenciés en permettant les dépôts au stade Léo-Lagrange. Désormais, les jeunes envisagent de créer une association. D’un commun accord, ils ont décidé de ne plus répondre aux sollicitations de la presse “pour ne pas faire d’ombre aux autres associations de la ville qui font un travail formidable”. Avec leur maraude, les footballeurs décrochent probablement leur plus belle victoire.
Grau-du-Roi, l’histoire d’amour des Mézy – Occitanie / Gard
A 45 ans, Grégory Mézy perpétue une longue tradition. Après son grand-père et son père, le chef d’entreprise préside l’Émulation Sportive Grau-du-Roi, le club de sa ville. “Je ne l’aurais jamais imaginé. Je n’y pensais pas, ce n’est pas une vocation pour moi”, assure-t-il.
Ce sont les évènements et son amour pour cette institution gardoise qui l’ont poussé à en prendre la destinée. En 2017, l’ES Grau-du-Roi traverse un moment difficile et la situation financière inquiète ses amoureux. Avec l’aide de son père, Michel, Grégory se décide à agir pour ne pas voir le club de son enfance sombrer.
Michel Mézy n’est pas un inconnu. Ancien professionnel et international dans les années 1960-1970, celui qui fut l’entraîneur de Montpellier, le conseiller et surtout l’ami de Louis Nicollin a également présidé l’ESGR durant de longues années. Son empreinte est telle que le stade porte son nom !
Après une tombola organisée pour récolter des fonds, Grégory et quelques amis montent un projet de reprise. Il accède à la tête de l’association en 2018. “Aujourd’hui, les comptes sont redressés et nous avons de bons résultats dans toutes les catégories”, se réjouit-il.
Montée de plusieurs divisions, l’ESGR évolue désormais en Régional 3 avec de grands espoirs pour l’avenir. “Nous visons à terme le National 2”, prévient Grégory Mézy qui souligne l’importance du travail réalisé chez les jeunes : “Nous avons 200 licenciés malgré une population de la commune vieillissante. Mais nous souhaitons garder notre esprit de famille et espérons que nos jeunes alimentent plus tard les seniors.”
D’ailleurs un petit Gabin, licencié en U9, pourrait bien poursuivre la lignée des Mézy. “Pourquoi pas ?, sourit son papa. Il est gaucher comme son grand-père ! Et il se débrouille pas mal !” En attendant, Grégory avoue s’appuyer volontiers sur les conseils de son paternel. “Je vole de mes propres ailes mais je me tourne naturellement vers lui pour les questions de football. Je l’écoute…”
Rédaction par la revue Vestiaires