Qu’il aide des migrants, qu’il participe à une action caritative ou qu’il place la convivialité au-dessus de tout, le foot sait faire preuve de générosité !
La preuve par trois.
Le FC Ebreuil, la convivialité avant le buzz – Auvergne-Rhône-Alpes / Allier
Ebreuil, jolie bourgade d’un millier d’âmes au sud du département de l’Allier, réputée pour les Gorges de la Sioule, la rivière qui la traverse. Ça, c’est pour la carte postale. Mais le village est désormais connu pour son club de football. Créé au printemps 2021, le FC Ebreuil s’est auto-proclamé “Pire club de France”. Suffisant pour faire le buzz et créer un engouement au point d’attirer les médias et les personnalités qui l’ont encouragé sur les réseaux sociaux.
Mais le FC Ebreuil, ce n’est pas que ça. C’est surtout une toute jeune structure relancée par une poignée d’amis désireux de faire revivre le ballon rond dans leur village. “On est un peu dépassés par tout ça », avoue Maxime Gonçalves qui cumule les casquettes de vice-président, directeur sportif et entraîneur de l’équipe féminine tout en étant joueur de l’équipe fanion. « Quand on a lancé le club, on s’est dit qu’on ne voulait pas faire comme beaucoup d’autres qui se cassent la gueule au bout de quelques années. On voulait créer un sentiment d’appartenance et faire quelque chose de différent. Comme on avait inscrit deux équipes au plus bas niveau possible, on a eu l’idée du pire club de France ! »
Il n’en fallait pas plus pour braquer les projecteurs sur le maillot noir et jaune du FC Ebreuil qui compte 120 licenciés. Et dire que tout est parti d’un projet de buvette ! « La mairie avait des subventions pour la construire. Elle m’a contacté car je suis un enfant d’Ebreuil et animateur sportif. Le deal était simple : elle faisait la buvette si on créait le club de foot » se marre Maxime Gonçalves. « Cette buvette sera le symbole de la convivialité. C’est primordial dans notre projet. On veut créer une famille autour du club. Et à long terme, on rêve de voir nos petits U11 évoluer en seniors. On veut une identité et faire un club de village comme on a connu dans le passé. » Si les hommes et les femmes suivent ce chemin, le FC Ebreuil ne restera pas longtemps le pire club de France…
Les Léopards jonglent pour la bonne cause – Normandie / Orne
« À chaque fois qu’on propose une opération qui a un but social ou caritatif, nos licenciés sont au rendez-vous ! » Etienne Lhuissier, dirigeant des Léopards de Saint-Georges des Groseillers se réjouit de la belle mentalité qui enveloppe le club de la petite commune de l’Orne en Normandie. L’équipe fanion évolue en Régional 3, le huitième échelon national, mais ce n’est pas ce qui fait sa réputation.
Le club s’appuie sur des valeurs de solidarité et d’entraide. Dernier exemple en date, à l’occasion du Vrai Foot Day, une fête du football amateur initiée par le magazine So Foot, les Léopards ont organisé un défi : jongler en relais pendant 24 heures. Au-delà de la performance sportive, il y avait un but caritatif. En partenariat avec Noyon, une entreprise locale de transports, chaque participant rapportait 5 euros pour la Ligue contre le cancer dans le cadre d’Octobre rose. « Près de 80 personnes ont participé. Des membres du club mais aussi des personnes extérieures comme le maire du village ou des joueurs d’autres clubs voisins », explique Etienne Lhuissier ravie du succès de l’événement. « En tout, nous avons pu verser un chèque de 400 euros à la Ligue contre le cancer de l’Orne. L’an dernier, nous avions déjà récolté des fonds grâce à la vente de boissons. »
Après que les co-présidents, Denis Lecornu et Jean-Marie Rochais, ont lancé le défi, la palme revient à Hugo Kalinski qui a réalisé un record de 1404 jonglages ! Une sacrée performance. « On est très heureux car tout le club se mobilise dès qu’on participe à une action sociale », affirme Etienne Lhuissier. Et déjà, les méninges des dirigeants des Léopards sont en marche en vue de préparer un défi encore plus fou pour l’édition 2022 du Vrai Foot Day. « On a déjà une idée très sympa… », sourit Etienne Lhuissier laissant planer le mystère.
Le Young Caritas Var, un club pas comme les autres – Provence Alpes-Côte d’Azur / Var
Ils sont camerounais, ivoirien, congolais, algérien ou marocain. Et ils forment avec quelques Français, un groupe. Une équipe. Engagé depuis 2018 dans le championnat départemental du Var, le Young Caritas Var, basé à Toulon, est un club unique en son genre. Créé et soutenu par le Secours Catholique, il est composé en grande partie de migrants. « C’est parti d’un désir des mineurs non accompagnés de jouer au football », rembobine Yann Bertaut, animateur de réseaux au sein du Secours Catholique. « Mais comme ils sont sous la responsabilité de l’Aide Sociale à l’Enfance, il était difficile d’obtenir les autorisations. Alors, nous avons constitué une équipe de majeurs. »
Une équipe encadrée par Amine Belkadi, un algérien de 38 ans lui aussi débarqué en France par la porte de derrière, qui fait ses armes comme entraîneur tout en rêvant d’en faire son métier. L’espoir existe. Un jeune gardien de but guinéen, Bangaly Sylla (18 ans), évolue aujourd’hui à l’AS Saint-Etienne après avoir été repéré sous les couleurs du Young Caritas Var ! « C’est difficile de créer un collectif mais il y a de vrais talents individuels », assure Amine Belkadi. Auprès de ces migrants, le Secours Catholique offre un accompagnement global avec des cours de français et d’alphabétisation. « Le club sert aussi de preuve d’intégration pour les services de l’État en vue d’une régularisation », avoue Yann Bertaut. « Dans leur tête, il n’y a pas que le foot », souligne Amine Belkadi. « Parfois, un joueur sort de l’entraînement et ne sait pas où dormir… »
Auprès d’Amine Belkadi, Annie Nowak, une bénévole qui officie comme intendante, soigne les bobos au corps et les maux de l’âme. Un lieu d’accueil va d’ailleurs prochainement voir le jour « pour les sortir du football et parler des problématiques du quotidien de cette vie cachée. » Cruel paradoxe de footballeurs de tous horizons accueillis dans un championnat officiel mais contraint de se battre pour exister administrativement…
Rédaction par la revue Vestiaires