Les départements d’outre-mer fournissent très régulièrement des athlètes d’exception aux différentes équipes de France. Et le football ne fait bien entendu pas exception. Mais au-delà de l’apport strictement sportif, ces territoires s’avèrent de formidables creusets éducatifs.
Quand le foot participe à l’enseignement des gestes barrières – Polynésie française
Nous sommes début mars en Polynésie française. La Fédération Tahitienne accueille la finale futsal de la catégorie U13. Jérôme Beaulande, le Directeur Technique Régional adjoint raconte : « À ce moment-là, les premiers signes du virus faisaient leur apparition. Nous avons alors réfléchi à la mise en place d’une opération pouvant être utile à tous ». C’est ainsi que le technicien et son équipe décident d’instaurer sur la journée un atelier pour l’apprentissage du lavage de mains, geste barrière essentiel s’il en est. « Grâce à l’intervention de Stéphanie Spielmann (cadre technique) et Céline Haapuea (chef de projet Just Play), chaque équipe a eu droit à des explications avant de répéter à vide les différentes phases du lavage de mains avec du savon. » Le tout traduit en plusieurs langues pour que chaque communauté puisse en bénéficier. Une petite tribune est même mise à disposition pour recenser les étapes. « À chaque geste maîtrisé, les enfants montaient d’une marche. Arrivés au sommet, nous procédions tous à un vrai lavage de main dans le but d’aborder cette fois les techniques de rinçage puis d’essuyage… » Grâce à l’application et au cœur mis par les enfants et leurs parents, cette initiative a contribué à les rassurer, les apaiser, mais aussi à tisser le lien entre football et santé. « Dès que les conditions le permettront, nous remettrons cela au goût du jour, simplement dans le but d’éduquer. Ce qui reste, j’en suis convaincu, la mission première de notre sport. »
Isrie, apprentie footballeuse au grand cœur – Mayotte
C’est en classe de 6ème qu’Isrie (debout à droite sur la photo), petite fille mahoraise, a débuté le football via l’UNSS. Trois ans plus tard, elle est convoquée en sélection mahoraise… sans jamais avoir évolué en club ! « Isrie a déménagé l’année dernière mais n’a pas voulu changer de collège de façon à pouvoir continuer à pratiquer au sein de la section sportive féminine scolaire », raconte Pierre Salomé, le responsable de la section. Tous les jours, la jeune adolescente se lève à 4 heures du matin et rentre à la maison à 19h30 après une journée de cours bien remplie et une séance d’entraînement. Alors seulement, elle peut faire ses devoirs et aider ses petits frères. « C’est une élève brillante, courageuse, souriante, qui fait l’unanimité auprès de ses professeurs et camarades, toujours prête à aider ceux qui sont en difficulté. » Ancienne athlète reconvertie en footballeuse, Isrie a vécu l’annonce de la reprise de l’école comme un soulagement. « Elle a tout de suite envoyé un message à son professeur pour savoir si elle devait apporter ses affaires de foot. Le 11 mai, date du début du déconfinement, sera aussi le jour de son anniversaire ! La jeune fille a d’ores et déjà prévu d’apporter un gâteau à partager avec l’ensemble de ses camarades. » Le sens du partage, encore.
Complètement foot ! – Martinique
Connaissez-vous la particularité de l’association T-Foot-Ou-Koi ? Au-delà de son appellation sortant quelque peu de l’ordinaire, le club martiniquais est le seul sur l’île à posséder une école féminine de football. Mieux encore, il s’agit ni plus ni moins de l’unique structure réservée aux filles à être labellisée par la FFF en Outre-Mer ! Une distinction dont s’enorgueillit son responsable technique, Mathurin Mayoulika. « Depuis 2017, nous avons pris le pari de développer le foot féminin. Trois ans plus tard, nous accueillons 25 filles et faisons partie des 525 structures récompensées par la FFF. » Un succès qui autorise l’association à s’ouvrir sur l’extérieur et à envisager de nouvelles perspectives : « Tout en continuant à promouvoir la pratique féminine sur notre territoire, nous souhaiterions entrer en contact avec d’autres clubs afin de mettre en place un partenariat et ainsi poursuivre notre développement. » Symbole de cette réussite, deux filles du club ont intégré cette année une section sportive, en classe de seconde, après avoir effectué une saison en Pôle espoirs et remporté notamment les interligues Antilles-Guyane ! Nul doute que ces jeunes filles rêvent désormais d’un parcours à la Wendie Renard ou Emelyne Laurent, deux internationales ayant fait toutes leurs jeunes classes en Martinique. « Wendie, Emelyne mais aussi Mylaine Tarrieu sont venues nous rendre visite pendant leurs vacances », fait d’ailleurs remarquer le responsable technique. « Une façon pour elles d’entretenir le rêve de nos jeunes footballeuses mais aussi de leur rappeler que l’on peut aspirer à disputer une coupe du monde en grandissant sur nos terres ».
Rédaction par la revue Vestiaires